J. Edgar

J'ai vu hier le biopic de Clint Eastwood sur J. Edgar Hoover, le premier directeur du FBI, une figure que l'on peut volontiers qualifier de controversée...
Résumé :
En 1919, le Ministre de la Justice des Etats-Unis échappe de peu à un attentat. En même temps, huit autres bombes explosent ailleurs dans le pays : sont visés des hommes politiques et des hommes d'affaires, emblèmes de la puissance économique des Etats-Unis. C'est que, deux ans après la Révolution d'Octobre, certains cherchent à l'exporter ailleurs dans le monde... et que leurs méthodes sont parfois sanglantes. Hoover, jeune collaborateur du Ministère de la Justice, sait que pour endiguer le "péril rouge" les méthodes habituelles ne suffisent pas. Il faut mettre sur pied un véritable bureau d'investigation, aux pouvoirs étendus, et recourant aux méthodes scientifiques aussi bien dans l'acquisition de l'information que dans son classement et sa conservation...
Le FBI en formation, tel qu'il est décrit dans ce film, apparaît comme un véritable Etat dans l'Etat. Les pouvoirs étendus de Hoover qui, pendant près de cinquante ans, a dirigé l'agence comme sa "chose" font de lui un des hommes les plus puissants des Etats-Unis entre les années vingt et les années soixante-dix, et contribuent à faire de ce pays un véritable Etat policier, une "démocrature" en quelque sorte (que je pense dénoncée, quelque part, dans La Ruche d'Hellstrom par le Maître en personne). Détenant un pouvoir de chantage sur à peu près n'importe quel membre du personnel politique, Hoover se présente ici comme l'ultime gardien de "l'esprit" des Etats-Unis - son défenseur contre l'idéologie communiste, puis contre le gangstérisme, puis enfin contre les mouvements de libération des Afro-américains. En d'autres termes, un gardien du consensus WASP - grâce à des méthodes feutrées qui évoquent presque celles du KGB. Nul doute qu'une personnalité comme celle de Hoover, que le film présente comme dirigé depuis son enfance par une mère abusive, aurait - sous d'autres régimes - donné de ses talents avec la même efficacité, au service d'une autre idéologie...

Hoover, homme de secrets, en cachait lui aussi. Le film insiste beaucoup sur la nature de sa relation avec son numéro deux, Clyde Tolson, et le fait que les deux hommes partagent repas, distractions et vacances laisse entendre - sachant qu'aucun des deux ne fréquente par ailleurs de femme - qu'ils partagent encore autre chose. J'ignore au juste ce qu'il se passait dans le "bureau privé" de Hoover et je ne souhaite pas le savoir. J'imagine cependant que l'homme qui a été capable, pendant cinquante ans, de tenir huit Présidents des Etats-Unis par je ne sais pas trop quels organes et d'assurer de la sorte sa propre perpétuation devait bien être capable de faire garder ses propres secrets à l'abri... En réalité, seules deux personnes possèdent sa confiance : outre son numéro deux, sa secrétaire personnelle - toujours la même depuis les années 20 ! - qui fera disparaître (selon sa volonté, semble-t-il) tous ses "dossiers confidentiels" après sa mort. "Dossiers confidentiels" sur lesquels Nixon aurait voulu mettre la main, toujours d'après le film.

C'est en fait le portrait d'un homme qui, malgré les changements d'époque et de continuité historique, reste persuadé d'avoir raison contre tous : la police doit être indépendante d'un contrôle politique. Sauf que ses propres choix d'ordre politique finissent par déteindre sur cette même police. A la fin de son mandat (de sa vie, en fait) il semble avoir manifesté de la méfiance à l'égard de Nixon, que le film n'est pas loin de présenter comme étranger aux "valeurs américaines". Le film, déjà ambigu dans sa présentation du personnage de Hoover (critique ou favorable ?) adopte ici une position difficile à interpréter. Une position aussi énigmatique, sans doute, que le personnage qu'il dépeint.

Lire aussi l'avis de Les Murmures.

Commentaires

Valer Daviep a dit…
Je l'avais trouvé plutôt chouette (http://les-murmures.blogspot.com/2012/01/j-edgar.html).
C'est un film dense et riche. Très complexe même si on a du mal à piger tous les tenants et aboutissants.
Anudar a dit…
Je reconnais que c'est un film prenant, qui fait un peu les "dessous de l'Histoire" d'une époque réputée bien connue... Merci pour le lien, je t'ai rendu la pareille :) .

Au fait, à la demande de Efelle j'ai fait disparaître le captcha sur mes commentaires... Et je n'ai pas de soucis particuliers de spams. Cela te donne peut-être des idées :P ?
Valer Daviep a dit…
Merci :)

Il y a un captcha sur le nouveau blog oO ?
Efelle a dit…
Ton commentaire Anudar répond à ma question principale : est ce prenant ?
Anudar a dit…
En tout cas ce matin il y en avait un :P ...
Anudar a dit…
Tu fais les questions et les réponses :) !
Xapur a dit…
Etant fan de Di Caprio, c'est un film que j'aimerai bien voir.