Les Reliques de la Mort - première partie

Je suis allé voir la semaine dernière la première partie des Reliques de la Mort, épisode qui conclut la saga Harry Potter.

Je dois dire que j'ai, comme pas mal d'adultes, une histoire avec Harry Potter. C'est grâce à ce personnage que j'ai (re)découvert la littérature jeune public à l'âge adulte. J'ai suivi la série d'abord en français, puis en anglais à partir de L'Ordre du Phénix (cinquième tome pour ceux qui ne le sauraient pas). J'ai eu l'occasion d'en discuter avec d'autres amateurs de littérature d'imagination (ou au contraire des gens qui n'en sont pas amateurs) et j'y ai trouvé nombre d'arguments pour défendre l'oeuvre, bien sûr, mais aussi le genre. C'est une oeuvre pour jeune public partant d'un argument très classique : le jeune héros est un orphelin que le destin a séparé, pendant toute son enfance ou presque, de son monde véritable, jusqu'à ce que quelqu'un vienne le tirer des griffes de ses tuteurs qui le maltraitent... Néanmoins, au fil des années ainsi que des parutions, il m'est apparu de plus en plus évident que la série déploie de véritables trésors d'imagination. Derrière Harry Potter, il est clair qu'il y a une main qui sait écrire, et un cerveau qui sait quoi écrire. Parce que le cerveau, de toute évidence, a réfléchi à une question toute bête : "c'est quoi, une fiction ?". Question que de bon nombre d'auteurs contemporains ne se sont, je pense, jamais posée.

Devant le succès des livres, critiqué mais à mon sens mérité, il fallait bien que les mastodontes du cinéma s'emparent du phénomène histoire de transformer l'essai en pompe à dollars. Ce qui fut fait somme toute assez vite, à travers des adaptations très fidèles au départ, puis empruntant de plus en plus de raccourcis scénaristiques, donnant l'occasion à l'amateur de réfléchir, lui aussi, quant au statut de la fiction. Quel bonheur. Surtout quand, par ailleurs, les intrigues sentimentales entre les jeunes sorciers conservaient une part centrale dans la représentation filmique alors que d'autres éléments, au contraire, étaient parfois un peu taillés à la hache. Les livres sont désormais tous sortis et, la série ayant pris fin, il restait aux cinéastes à s'attaquer à l'adaptation du dernier tome, adaptation très attendue car jugée complexe voire même risquée. Créant la surprise, l'équipe a décidé de sortir non pas un mais deux films se faisant suite, dont les sorties seront séparées de plusieurs mois...

Résumé :
Cette fois-ci, c'est la guerre. Les officiels du Ministère de la Magie savent qu'ils sont sur le point d'être débordés par les Mangemorts, les sbires de Voldemort. Harry et ses amis, anxieux, ne savent pas que le pire est à venir. Voldemort veut, dans sa folie, tuer lui-même Harry qui reste un espoir pour l'ensemble de la communauté des sorciers. L'attaque aura lieu par traîtrise, alors que ce qui reste de l'Ordre du Phénix cherche à exfiltrer Harry de la maison de son oncle et de sa tante. Réfugié chez les Weasley, Harry voit le doute s'infiltrer dans tous les esprits. Les événements s'accélèrent quand le Ministère de la Magie tombe aux mains de Voldemort. Séparés des autres, Harry, Ron et Hermione se réfugient dans les anciens quartiers généraux de l'Ordre, dont Harry a hérité. Ils ne vont pas tarder à découvrir la localisation de l'un des fameux horcruxes, ces objets maléfiques où Voldemort a enfermé une parcelle de son âme afin de rester lié au monde physique et se rendre immortel. Mais pour s'en emparer, il faudra en payer le prix... Et comment le détruire ? Alors que le monde des sorciers sombre dans la nuit, les trois amis vont se rendre compte que l'âme de Voldemort va trouver son chemin jusqu'à eux.. Quelles en seront les conséquences ?
Mis à part d'assez rares morceaux de bravoure, c'est un film où il ne se passe somme toute pas grand-chose de palpitant. L'inquiétude sourd assez vite pourtant, de cette inaction même... L'isolement des trois héros, puis deux, puis trois de nouveau, traduit bien cette impression déprimante où les crachotements d'une radio pirate accompagnent la traversée de paysages magnifiques mais désolés... La tension monte avec une certaine efficacité. Il faut dire que le voyage solitaire n'apporte que bien peu de réponses et beaucoup de nouveaux problèmes... Alors que, dans le même temps, Voldemort s'est mis en tête de trouver une baguette magique lui permettant de vaincre Harry. C'est en fin de compte vers la fin du film que la situation se débloque et que le trio, de nouveau rassemblé, va progresser dans sa quête. La tension va se résoudre alors d'un seul coup, dans un final presque angoissant.

Il paraît que Joanne K. Rowling a créé le personnage de Hermione comme étant une sorte d'avatar pour elle dans son univers. Je considère donc le fait que Hermione soit la seule à ne jamais quitter Harry dans sa quête comme très révélateur. En dehors de ce point fictionnel intéressant, le film est agréable à regarder même s'il est de nature à laisser le spectateur sur sa faim. Quand Voldemort met la main sur la fameuse baguette de sureau, tout le monde peut comprendre le message : les moments les plus palpitants de l'histoire vont se dérouler dans la deuxième partie. Et c'est vrai que le premier film retranscrit avec une grande fidélité les deux tiers du livre, sinon plus : il reste donc le cambriolage de Gringotts et la bataille de Poudlard. Morceaux de bravoure annoncés, chargés de symboles et à même de répondre aux dernières questions qui se posent encore... Reste à savoir ce que les cinéastes feront de ce qui s'annonce comme un probable feu d'artifice de combats. Sauront-ils échapper à l'écueil de faire de la deuxième partie un simple contrepoint à cette première partie trop calme et trop étouffante aux yeux de certains ? Réponse dans quelques mois.

Commentaires

Gromovar a dit…
Concernant le peu d'action c'est aussi ce que disait Odieux Connard.

J'étais déjà pas tenté...
Anudar a dit…
En parlant d'Odieux Connard, j'ai beaucoup ri en lisant son billet, mais je dois dire que j'ai trouvé ça du genre plutôt outré après avoir vu le film. Cela dit, c'est sa ligne éditoriale, ou son fonds de commerce, peu importe l'expression, donc je n'ai rien à redire là-dessus.

Si tu as lu le livre, je pense que tu peux faire l'économie du film et attendre la sortie de la deuxième partie qui sera beaucoup plus animée. En théorie.
Guillmot a dit…
Déjà faire cette adaptation en deux temps évite que le film soit télégraphié, comme dans l'Ordre du Phénix.
Gromovar a dit…
@ Anudar Oki.

Une petite question, tu fais comment pour que les commentaires arrivent sur ton profil Facebook ?
Anudar a dit…
@Guillaume44 : oui, c'est clair que ça évite cet écueil. J'avais apprécié moyen le procédé pour les deux derniers films, surtout que les passages guimauvesques, eux, ils n'étaient pas télégraphiés.

@Gromovar : de mémoire, c'est grâce à l'application TwitterFeed. Que j'utilisais pour automatiser mes publications d'articles sur Twitter mais que Ferocias m'a convaincu de ne plus utiliser. Donc je ne l'utilise plus que pour publier les commentaires sur la page FaceBook de mon blog.
RM a dit…
J'ai bien aimé le peu d'action, j'ai trouvé que cela mettait en valeur le symbolisme et les relations ambiguës entre les personnages, mais aussi leurs préoccupations intimes. C'est le film de la série qui m'a le plus plu. Le fantastique n'y était pas toujours convaincant, néanmoins, et notamment quand on n'en percevait le symbolisme. J'ai effectué un développement, à ce sujet, ici : http://remimogenet.blog.tdg.ch/archive/2010/12/18/70c5a36769ff4f84c729016f675ab8b1.html
RM a dit…
Quand on n'en percevait PAS le symbolisme, je veux dire.
Nico a dit…
Je me suis terriblement ennuyé avec cette première partie. Quelle idée, aussi, de diviser en deux parties l'adaptation d'un roman terriblement vide? A part le fric, je ne vois pas... En fait cette première partie correspond aux soporifiques 400 premières pages du roman. Bref, un film à oublier, de mon point de vue.
Anudar a dit…
Bienvenue ici pour commencer.

Le début de "Deathly Hallows" est certes quelque peu, disons, lent. Je crois que c'était cependant quelque peu nécessaire : seul Ron, dans cette histoire, pouvait s'attendre à ce que la quête se fasse d'hôtel cinq étoiles en hôtel cinq étoiles et qu'ils trouvent un Horcrux tous les deux jours. La responsabilité en revient aussi à l'auteure qui, au fil des années, a dû écrire son oeuvre sans dévoiler son schéma central tout en distillant quelques informations utiles... Toute l'histoire de Dumbledore, en particulier, ne pouvait sortir trop tôt.

Pour autant, le film ne me semble pas "à oublier". Il comporte les éléments d'un bon "Harry Potter" : des moments de bravoure, un peu d'humour parfois lourdingue, deux ou trois instants d'émotion, un soupçon de réflexion et d'autres conneries divertissantes. J'aurais préféré que l'ensemble sorte sous la forme d'un seul film de quatre heures plutôt qu'en deux volets, mais je sais bien que pour Hollywood, les affaires sont les affaires...