Karaté Kid (2010)

J'ai une histoire à vous raconter. C'est l'histoire d'un scénariste de Hollywood qui n'arrive plus à trouver de nouvelle idée de film. Alors, lui vient une idée lumineuse... Celle de refaire un film au succès assez ancien pour qu'un nombre important de gens ne l'aient pas encore vu et puissent trouver l'idée originale. Ce brave scénariste est devenu l'inventeur du remake, genre presque à part entière dans le cinéma aux Etats-Unis. Dans la mesure où l'on envisage maintenant de faire des remakes de films vieux d'à peine trente ans, je pense que cela en dit long quant à l'aridité de l'imagination des scénaristes hollywoodiens...

Le premier Karaté Kid est un film des années 1980, dont le scénario est à la fois simple et accrocheur : Daniel est un adolescent, orphelin de père, qui déménage dans une nouvelle ville avec sa mère. Il se fait assez vite prendre en grippe par un gang de garçons de son âge, tous ceintures noires de karaté. Passé à tabac un certain nombre de fois, il reçoit l'aide précieuse de l'homme à tout faire de sa résidence, un américano-japonais, Mr. Miyagi, lequel accepte de l'entraîner pour qu'il puisse régler son différend avec ses adversaires lors d'un tournoi de karaté. Ce film a été suivi de deux suites puis, à ce qu'il paraît, d'une dernière où Daniel est remplacé par une jeune fille. La série a rencontré un succès considérable et nombre d'enfants des années 1980 en gardent un souvenir ému, moi excepté, puisque je n'ai vu ces films pour la première fois qu'il y a deux ans...

Résumé :
Dre Parker (Jaden Smith, le fils de Will) doit quitter Detroit en compagnie de sa mère, qui a été mutée en Chine pour son travail, à Beijing (Pékin). Très peu enthousiaste, Dre se débat vite avec les différences culturelles : il ne parle pas chinois et certaines choses lui échappent. La rencontre avec Mei Ying, une jeune chinoise virtuose du violon, scelle son destin : la jeune fille est charmante et très disposée à se lier d'amitié avec lui, mais Cheng, un garçon chinois dont la famille est amie de celle de Mei Ying, ne l'entend pas de cette oreille. Manque de pot pour Dre, Cheng est ceinture noire de kung fu et lui flanque la dérouillée de sa vie. C'est avec horreur que le jeune immigrant se rend compte le lendemain que son bourreau et ses potes fréquentent la même école que celle où il est inscrit... Une inoffensive vengeance, quelques jours plus tard, manque très mal se terminer pour Dre que ses tourmenteurs coincent à six dans une arrière-cour. C'est alors qu'intervient Mr. Han (Jackie Chan), l'homme à tout faire de l'immeuble, qui maîtrise à lui tout seul Cheng et ses amis. Dre lui demande alors de bien vouloir lui apprendre le kung fu et Han finit par accepter. Mais ses méthodes d'appprentissage sont quelque peu étonnantes... Et pourquoi donc Han répare-t-il sa voiture dans son salon si ce n'est pour jamais la conduire ?

Commençons par le "pas bon", et ça va être assez rapide, parce qu'il n'y en a somme toute pas beaucoup. Le gros mauvais point, à mon sens, doit être décerné au personnage de la mère du héros. L'actrice semble surjouer le rôle d'une touriste émerveillée, ce qui est un contresens : Dre et sa mère s'installent en Chine pour de bon... Par ailleurs, le doublage est calamiteux : je ne sais pas qui, au juste, a décidé qu'il fallait lui faire prendre cette intonation pseudo-émerveillée/recherchée, mais la personne qui a pris cette décision mériterait une mort lente et pénible. Parce que c'est exaspérant au point qu'on a envie de lui crier "ta gueule". Le personnage du nouvel ami rencontré par Dre à peine arrivé à Beijing est sous-exploité : une scène au début, puis une autre à la fin, puis... rien d'autre... Mais il est vrai que c'était déjà le cas dans le premier Karaté Kid....

Car la comparaison s'impose entre les deux films. L'idée de faire changer de pays au jeune héros renforce la sensation de déracinement : l'apprentissage de nouvelles règles se complique avec l'obstacle de la langue, et les mots chinois écorchés par Dre sont source d'incompréhension et d'humour. L'effort du personnage de lire un message en chinois pour le père de Mei Ying apparaît alors d'autant plus méritoire. Autre différence importante, hormis la couleur de peau du héros (que je ne vois pas de nécessité à commenter : si elle a des implications dans l'histoire, je n'ai pas su voir où), l'âge des jeunes héros, qui sont plus jeunes dans la version 2010. Les scènes de combat en apparaissent par conséquent d'autant plus violentes voire même cruelles et on se surprend à serrer les fesses par moments. Le schéma narratif du premier film est bien respecté, avec les méthodes bizarres du maître et sa blessure secrète, amenée avec talent. Somme toute, un cas où le remake vaut bien l'original.

Une chose me laisse perplexe : pourquoi donc avoir gardé ce titre alors que l'art martial pratiqué n'est pas le karaté mais le kung fu ? Gageons dans tous les cas que les écoles d'arts martiaux vont connaître de nouvelles inscriptions dans les semaines à venir

Commentaires

Pierre a dit…
on a le même phénomène dans la chanson... dans l'actualité d'aujourd'hui, on fête le 30ème anniversaire de Dassin, Joe pas Jules, le 40ème de je ne sais quoi des Beatles à Hambourg, Dylan expose, pas de la chanson, de la peinture à Copenhague... et on ne sait rien de l'actualité de Pascal Obistro...
Plus sérieusement j'ai aimé ton article...
ionah a dit…
"Une chose me laisse perplexe : pourquoi donc avoir gardé ce titre alors que l'art martial pratiqué n'est pas le karaté mais le kung fu ?" >> lorsque j'ai découvert la BA au cinéma, c'est la première chose qui m'a aussi frappé : pourquoi associer la Chine / Jackie Chan avec le Karaté ? il fait et est connu pour faire du Kung Fu... le mot karaté s'associe avec Japon, Taekwondo avec Corée, Kung-fu avec Chine... et dans les images que j'ai pu voir dans le trailer, il s'agit bien de Kung-fu. Donc l'explication commerciale du remake au titre accrocheur est la plus plausible... pourtant Kung-fu Kid passe bien aussi, non ? King-fu Panda - Kung-fu Kid...

pour ce qui est de l'utilisation d'un jeune représentant de la "minorité visible afro-américaine" (et de famille aisée - il me semble, au trailer, que la maman et le gamin sont déposés devant un très chic hôtel) pour faire face aux autochtones; je n'en ai aucune idée - p-e est-il plus simple de se dire "un blanc ou un noir, où est la différence, les deux sont "étrangers" en Chine" ?? va savoir, Charles. Un film sans blancs, est-ce si choquant ?

Pour ce qui est de l'implantation de populations africaines en Chine on peut (entre autre) se référer à cet article : L’improbable saga des Africains en Chine (http://www.monde-diplomatique.fr/2010/05/COLOMA/19133)
+ le Commentaire : Saga africaine en Chine (http://www.monde-diplomatique.fr/2010/06/A/19197)
Tigger Lilly a dit…
Ce film ne m'attire pas du tout. Le kung fu et autre jackie chan me laisse complètement indifférente.
Anudar a dit…
@Pierre : bienvenue ici ! Toi qui as des petits enfants, ça peut être le genre de sortie qui peut les amuser, à la condition peut-être que l'enfant ait neuf ou dix ans...

@ionah : un film "sans blancs" ne me gêne pas du tout. J'ai assez vu de films de sabre avec que des asiatiques dedans pour ça. La couleur de peau de Jaden Smith est là, c'est juste un fait comme un autre, qui ne change pas grand-chose au personnage qu'il joue. A mon sens.

@Tigger Lilly : ce n'est pas tant un film "de Jackie Chan" qu'un film autour d'un déracinement et de la découverte d'une autre culture par un gosse. Le kung fu sert presque de prétexte, que j'ai trouvé en l'occurrence plutôt agréable, mais c'est vrai que j'apprécie la chorégraphie des combats. Comme dit à Pierre, c'est le genre de film alléchant pour le jeune public, regardable sans risques oculaires par les accompagnateurs, et appréciable pour les adultes amateurs de films pour le jeune public.
Guillaume a dit…
Voilà quii donne envie d'aller le voir !
Anudar a dit…
Salut, es-tu Guillaume le Traqueur Stellaire, ou bien quelqu'un d'autre ?

Dans tous les cas, j'espère bien que cela te donne envie d'y aller :) !
Anonyme a dit…
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