Citoyen de la Galaxie

J'ai terminé ce matin de lire ce livre de Robert Heinlein, un auteur dont j'ai poursuivi l'année dernière ma découverte grâce au Défi lancé par Guillaume Stellaire...
Résumé :
Au coeur de la capitale de la Sargonie, se trouve la place de la Liberté, là où se trouve un marché d'esclaves. C'est là que Baslim, le mendiant unijambiste et borgne, achète un lot dont personne ne veut : Thorby, un jeune garçon maltraité par ses (nombreux) anciens maîtres. Il va enseigner à l'enfant l'art de la mendicité. Baslim est cependant plus qu'il n'y paraît. Homme cultivé, il veille à l'éducation hypnopédique de Thorby. Par ailleurs, il se sert de lui pour faire passer des messages à des personnes qu'il ne rencontre pas lui-même. Enfin, il prévient Thorby que s'il venait à lui arriver malheur, il lui faudrait contacter certaines personnes et répéter le message qu'il lui fait apprendre par coeur... Qui est Baslim ? Et pourquoi cherche-t-il à connaître le passé de Thorby ?
Le noeud central de cette intrigue de space-op' est moins l'exploration de la Galaxie, comme le titre pourrait le laisser penser, mais plutôt une grande idée : celle de l'extinction de l'esclavage. Dans cet avenir que l'on peut imaginer assez lointain, la vie humaine peut en effet s'acquérir et même se marchander... dans certains endroits. Le monde sur lequel Thorby est vendu pour la dernière fois semble appartenir à une civilisation assez baroque faisant penser à une Antiquité un peu tardive. Du genre de celle qui servait de modèle aux dessinateurs de BD dans les années 50-60 quand il s'agissait d'imaginer d'autres mondes (faudra que je parle de la série L'Empire de Trigan, moi, un de ces jours). Thorby va en fait au cours de ses pérégrinations découvrir trois cultures différentes. Il y a d'abord celle de la Sargonie, royaume esclavagiste à société stratifiée en castes. Il y a ensuite celle de la Famille du Sisu, le vaisseau commerçant où il est recueilli, où la hiérarchie familiale se double d'une chaîne de commandement méritocratique. Et enfin il y a celle de l'Hégémonie terrienne, une société avancée qui nous apparaît très familière (enfin... sans doute plus familière encore aux yeux du lecteur américain). L'esclavage semble servir de pivot entre les trois cultures : fondement de la Sargonie, redouté par les Marchands, interdit par les Terriens (mais certains d'entre eux ont sans doute des intérêts dans ce juteux commerce). Le propos est loin d'être inintéressant et le fait que Thorby fasse le cheminement "inverse" du lecteur (qui, lui, a toujours vécu dans un monde où l'esclavage est réprouvé) permet à l'auteur de jouer avec le sentiment d'identification à son personnage.

La recherche de l'effet finit pourtant par lasser un peu. Thorby passe tout le livre à poursuivre "la liberté", à se révolter contre ceux qui veulent limiter "sa liberté". On peut dire que, déjà, pendant ses années d'esclavage, il était sans doute un insoumis : évoquées plusieurs fois, les cicatrices qu'il porte sont là pour en témoigner. Mais c'est quoi, "la liberté" à laquelle il aspire avant même d'être capable d'expliciter, voire même de comprendre ce concept ? Nul doute que pour Heinlein, il s'agit de "la liberté" au sens américain du terme. Le genre de "liberté" que l'on retrouve dans "libre entreprise". Or entre ça et l'esclavage, il y a quand même un ou deux océans où bien des hommes libres, et cette fois-ci sans guillemets, trouveront de quoi naviguer en paix toute leur vie.

Dans mes précédentes chroniques de livres de Heinlein, j'avais déjà relevé ce qu'il faut bien appeler une méfiance extrême de sa part à l'égard du système judiciaire. Ce ne fut donc pas pour moi une surprise de constater qu'après une assez longue phase de space-op', ce roman tourne presque sans transition à l'intrigue juridique dans son dernier quart. Là encore, "la liberté" de Thorby se trouve contestée. Mais pour la (re)conquérir, il va lui falloir s'acquitter d'un prix, celui de son avocat. On a bien compris à quoi l'auteur voulait en venir.

Sans être pour autant raté, ce livre m'apparaît un peu décevant, voire même bâclé sur la fin. Cela ne m'empêchera pas d'y revenir à l'occasion, bien sûr.

Commentaires

Guillmot a dit…
Ils précisent pas dans une préface quand même que c'est un "juvenile" ?
Anudar a dit…
Non, mais je m'étais fait cette réflexion malgré tout.