Histoires Galactiques

Je pense que cette anthologie, à peu près tout le monde a dû en entendre parler, au minimum. Jacques Goimard évoque son histoire dans le long entretien publié par Bifrost (numéro 62). Une anthologie d'auteurs anglo-saxons destinée aussi bien aux amateurs du genre qu'à ses novices, et déclinée par thèmes, un par "livre d'histoires", car il s'agit d'autant de recueils de nouvelles. Edités du début des années 70 jusqu'au milieu des années 90, ils restent (assez) disponibles en bouquinerie. Cependant, il m'a fallu quelques années d'efforts (intermittents il est vrai) pour compléter ma collection, dont le noyau, qui plus est, provient des livres qu'avait achetés mon père avant ma naissance. Parmi ces recueils d'anthologie, plusieurs portent de près ou de loin sur le thème du space-op' ou du planet-op'.

Histoires Galactiques contient une préface (par Gérard Klein) et onze nouvelles.
  • La préface de Gérard Klein est quelque peu datée, même dans l'édition "récente" qui est celle dont je dispose, car elle n'évoque pas du tout Star Wars : elle date en effet de 1974. Il y retrace la génèse du space-op' à travers trois oeuvres fondamentales : celle d'Edward E. E. Smith, l'un des fondateurs, celle d'Isaac Asimov (Fondation) qu'il présente comme un rationalisateur et enfin celle de Frank Herbert (Dune), l'axe commun à chacun des trois maîtres étant bien sûr celui de l'empire galactique. J'aurais apprécié de savoir comment s'intègrerait dans cette analyse des oeuvres majeures telles que Hypérion, par exemple.
  • Une Main secourable, Lester del Rey : l'histoire d'un premier contact entre l'espèce humaine et des extraterrestres un peu plus avancés, sur la Lune. Un parallèle est esquissé entre la conquête historique des Amériques et celui qui risque de déboucher de ce premier contact. C'est bien vu, avec une pointe de socio-fiction, et même si ça se termine mal, c'est plein d'espoir. Réjouissante lecture.
  • Arrêt de Mort, Isaac Asimov : l'un des grands maîtres du space-op' rationaliste, il nous livre ici une histoire d'archéologie psychologique. On retrouve là-dedans quelque chose qui évoque Fondation avec l'implication de mathématiques en psychologie. En dehors de cela, il s'agit d'un monde où la recherche scientifique s'imbrique avec la politique et la chose militaire, dans une moindre mesure. L'histoire est intéressante surtout à cause de son retournement final, mais je dois avouer que j'ai connu le Bon Docteur dans de meilleurs moments littéraires que celui-ci.
  • Arène, Fredric Brown : le vieux farceur nous revient ici avec une histoire de conflit d'envergure galactique. Aucune forme d'entente n'est possible entre l'être humain, assiégé dans son propre système solaire, et les Externes. La confrontation dévastatrice est proche... Et voilà que des entités supérieures, peut-être des dieux, viennent s'en mêler ! Qu'est-ce qui pourra donner l'avantage à Carson, intronisé contre son gré "champion de l'humanité" ? Intéressant, mais moins drôle qu'à l'accoutumée.
  • La Soie et la Chanson, Charles L. Fontenay : des êtres humains prisonniers sur un monde étranger où leurs ancêtres ont jadis mis le pied, maintenus dans l'ignorance par leurs maîtres. Quel est le lien entre la "Tour des Etoiles" et cette énigmatique comptine que les esclaves se transmettent de génération en génération ? J'ai trouvé ça très nostalgique et pas convaincant.
  • Diplomatie Eclair, Daniel-F. Galouye : pas d'empire galactique ici mais plutôt une organisation de défense commune à laquelle envisage d'adhérer une espèce humaine tout juste parvenue aux étoiles. Entre satire anti-bureaucratique et théorie du complot, un space-op' bien poilant !
  • Blacksword, A. J. Offut : un futur où les dictateurs proposent leurs services par voie de petites annonces, où leurs intentions restent bien dissimulées car inavouables, autant pour leurs administrés que pour leurs ennemis, et où les statistiques évaluent par pourcentage les chances des planètes ennemies de remporter les conflits où elles se trouvent engagées. Ce que je trouve amusant, c'est encore la description du quotidien, où le dollar semble être toujours aussi bon que de l'or (Bretton Woods devait venir d'avoir lieu). Cela donne une atmosphère un peu rétro, voire kitsch, et pourtant très appréciable. Excellent morceau.
  • Le Vent du Nord, Chad Oliver : une variation sur le thème du "péché originel" des Etats-Unis, à savoir, la décimation (voire plus) des Amérindiens. L'ONU, responsable de la colonisation des planètes habitables disponibles dans la Galaxie, dispose d'une administration spéciale chargée d'évaluer les besoins (en territoire) des éventuels indigènes, en fonction de leur degré de civilisation. C'est une histoire un peu sinistre, et je ne suis pas certain qu'elle ne soit pas écrite au premier degré...
  • Permis de Maraude, Robert Sheckley : un space-op' sans extreterrestres. Une petite colonie abandonnée sur Nouveau-Delaware avec laquelle la Terre reprend contact après deux cents ans de silence. Les nouvelles autorités de la Terre veulent s'assurer que Nouveau-Delaware est toujours un monde obéissant aux normes établies et envoient donc un Inspecteur. Or, sur Nouveau-Delaware, personne ne sait plus comment ça fonctionne, une "société humaine civilisée" : il paraît qu'il faut qu'il y ait une Eglise, une Ecole, une Prison, et qu'il y ait un Facteur, un Chef de la Police... ainsi qu'un Criminel. Qui va faire le Criminel dans ce village paisible ? Une variation très amusante et ironique sur le thème du "bon sauvage".
  • La Planète Shayol, Cordwainer Smith : une colonie pénitentiaire destinée à la punition des pires criminels de l'Empire. Pas de gardiens, pas de murs sur Shayol, et les détenus doivent recevoir des traitements spéciaux pour y survivre. Un véritable enfer à cause des dromozoaires qui y pullulent : une forme de vie symbiotique modifiant ses hôtes... Excellent pour la description d'un planet-op' fort original (surtout pour l'époque, je pense), mais dont la conclusion me semble décevante.
  • Le Seigneur des dix mille Soleils, Poul Anderson : l'auteur de la série des Flandry est un habitué des space-op's épiques. Celui-ci ne dément pas sa réputation et le titre à lui seul est un poème. Une civilisation disparue à la suite d'une guerre civile ayant laissé une machinerie derrière elle. Bien plus tard, les êtres humains sont à leur tour plongés dans une guerre civile qui menace de détruire la Terre. Un des partisans des forces loyalistes se rend alors sur la planète où se trouvent les machines de Vwyrdda dans l'espoir d'y dénicher une arme permettant de vaincre les rebelles... il y découvre rien de moins qu'un fantôme décidé à prendre parti dans la guerre. Mais quel bord va-t-il aider ? Un très bon divertissement, et un texte fort bien choisi pour conclure ce volume...
A dénicher si vous le pouvez !

Commentaires

Guillmot a dit…
Belle pioche.
lael a dit…
je l'ai dans ma PAL, ainsi que Histoire de Planètes. M'enfin les nouvelles n'ont pas l'air si alléchantes que cela finalement.

Pour Arena de Brown, je l'ai déjà lu dans un autre recueil, et il faut savoir qu'elle a été adaptée pour un épisode de Star Trek the original series (cf mon article là : http://chezlaventurierdesreves.over-blog.com/article-lune-de-miel-en-enfer-fredric-brown-71822016.html)