La Saison des Singes

Un space-opera signé Sylvie Denis, auteure que j'ai croisée le jour où j'ai rencontré Roland C. Wagner à la Librairie Scylla, sans pour autant faire l'acquisition de l'un de ses livres. Celui-ci, j'ai décidé un peu plus tard de me lancer dedans - SSWEV oblige...
Résumé :
En cette époque future, l'espèce humaine s'est implantée dans plusieurs systèmes stellaires de la banlieue terrestre. Les voyages transdimensionnels sont assurés par les "grands modifiés", associations coalescentes d'êtres humains qui forment des vaisseaux spatiaux gigantesques et intelligents. Kiris T. Kiris est une biogénéticienne de génie doublée d'une psychopathe. Elle est pourchassée par l'Office de la Charte en raison de ses crimes. Capturée à bord de l'Abondant, un "grand modifié" rempli de passagers, elle parvient à prendre le contrôle du vaisseau, lequel s'écrase alors sur un monde non encore colonisé. Il se trouve que, pour une raison inconnue, les autres "grands modifiés" se tiennent à l'écart de cette planète. Kiris T. Kiris va-t-elle pouvoir mettre en oeuvre ses sinistres projets ? Dans quelles conditions les autres rescapés de l'Abondant vont-ils pouvoir survivre ?
Une rapide requête sur Wikipédia (je cherchais une bibliographie) m'apprend que "Sylvie Denis [...] est considérée par beaucoup comme la grande dame de la science-fiction française". Je suppose que c'est fondé dans la mesure où aucun wikicontributeur n'a collé l'infamant tag "non neutre" en exposant, pas plus que le décevant "référence ?". On admettra donc les états de service de la dame, et on jugera par conséquent son livre et non son oeuvre (que de toute façon je ne connais pas du tout). Livre qui fleure bon le space-opera contemporain, c'est-à-dire, le space-opera dans lequel on trouve de vrais morceaux d'ingénierie biologique, de nanotechnologie et même de cyberpunk. J'ai envie de dire que l'auteure a lu Hypérion, le space-opera qui a relancé le genre après Star Wars (et que tiens, je crois bien que je vais me le relire pendant l'Eté... ça compte pour le challenge, Lhisbei ?)

Il ne manque pas grand-chose, ici, pour faire un space-opera d'envergure. Il y a tout d'abord un univers morcelé où les "simples humains" ne constituent qu'une faction mineure. Tout en haut de l'échelle, se trouvent les "grands modifiés", ces descendants des premiers explorateurs des étoiles, partis dans l'espace profond pour inventer de nouvelles solutions - à commencer par des solutions d'ordre social. Il est remarquable que le livre se termine par une "Déclaration des droits des hommes libres et singuliers", donnant alors tout son sens au titre et au terme "singe" repris à maintes reprises dans le texte. Pour l'auteure, l'univers qu'elle décrit est celui où l'humanité se trouve sur le seuil d'une évolution majeure, comparable sans doute à celle au cours de laquelle notre lignée s'est trouvée séparée une bonne fois pour toutes de celles des autres primates... Une évolution qui se trouve mise en abyme par l'histoire (plus ou moins parallèle mais pas que) d'une société obscurantiste où une Eglise rétrograde occupe les positions de pouvoir, mais où un mouvement progressiste croît peu à peu dans l'ombre...

Sans nul doute s'agit-il d'un space-opera important, et surtout d'un véritable page-turner ingurgité en une douzaine d'heures en temps cumulé. Néanmoins, je suis resté un peu sur ma faim. Le passage entre les différents points de vue et les différentes époques (l'intrigue se déroule sur pas moins de mille ans tout en réutilisant certains personnages par la magie du sommeil cryogénique) conduit à une sensation de fragmentation des fils d'intrigue. Il y a là-dedans un mystère extraterrestre (ou pas ?) au moins, dont on ne voit pas la résolution (et c'est dommage). Quant au "grand schéma" de l'histoire, il me semble somme toute assez peu exploité... La quatrième de couverture évoque un second volet à cette histoire, second volet dont je n'ai pu trouver trace sur cette bibliogaphie de l'auteur. J'en déduis que la suite (et fin ?) de cette histoire est à paraître.

J'en prendrai connaissance, la chose est certaine. Et j'en attends beaucoup, bien sûr.

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