Voyageur, Passé 2

La publication de la série Voyageur se poursuit avec le deuxième tome du cycle Passé (voir ici pour le premier tome). Cette fois-ci, les auteurs nous emmènent à Paris (c'est habituel dans cette série) entre Juin et Juillet 1940. Ce qui donne tout son sens à la couverture...

Résumé :
Fin Juin 1940 : l'armée allemande a fait son entrée dans Paris et une occupation longue de plus de quatre ans commence pour la capitale. Les exécutants les plus zélés de l'ordre nazi, les SS, arrivent eux aussi sur place, se dissimulant pour le moment sous le masque du badinage et la propagande. De son côté, Fish a débarqué de l'année 1166 quelques semaines plus tôt. Il est sans nouvelles de Lou et, fatigué par ses récents échecs, remet en question son projet de changer le cours de l'Histoire du monde. Et si, tout compte fait, il n'était pas sage de vouloir empêcher la catastrophe écologique au XXIème siècle ? La rencontre avec une jeune parisienne semble l'apaiser pour un moment. Mais il retombe assez vite dans sa colère et sa folie. En utilisant ses dons, il va épouvanter l'armée allemande en commençant une campagne de terreur. Ce qu'il ne sait pas, c'est que Lou est arrivé deux ans avant lui. Qu'il a endossé l'identité d'un SS. Et qu'il est l'un des responsables de la sécurité personnelle de Hitler. L'enquête criminelle et la visite que le dictateur va faire à Paris vont précipiter les retrouvailles des deux frères, poignantes et tragiques...

L'épisode qui nous est livré constitue un genre de renouveau dans la série. Jusqu'à présent Fish apparaissait comme un personnage très négatif, antithétique de Lou, drapé de vertus telles que le calme, la réflexion et surtout la capacité à l'empathie et à l'attachement sentimental. On observe ici une forme de renversement de point de vue. D'abord parce que Fish est celui des deux personnages principaux sur lequel l'intrigue s'attarde le plus. Ensuite parce que cette fois-ci, c'est à son tour de construire un attachement avec un personnage de l'époque visitée. Enfin parce que Lou, quant à lui, rejoint les rangs des SS et s'y coule sans aucune difficulté, malgré la répugnance que lui inspirent les SS et leurs exactions. En fin de compte, le questionnement final interroge d'une façon plutôt pertinente le sens de l'Histoire : que ferions-nous si nous avions la capacité d'empêcher les calamités du passé ? Choisirions-nous d'intervenir, au risque d'en générer de nouvelles peut-être pires ? Ou bien laisserions-nous faire en estimant que la souffrance peut servir de méthode d'éducation ? Chacun des deux frères personnifie en fin de compte les deux démarches. La folie de Fish est-elle un moyen de suggérer que le simple fait de vouloir faire le choix d'empêcher les calamités de se produire est, en soi, un véritable ubris ?

La réponse à cette question, qui se pose soudain d'une façon presque oppressante à la fin de l'album, viendra sans doute dans les prochains albums. Parce que la série touche à sa fin. Il ne manque plus que les deux derniers tomes du cycle Passé, lesquels seront suivis par l'épisode final Oméga. Cela signifie que les mystères évoqués dans le cycle Futur trouveront bientôt leur explication, ou du moins, on peut l'espérer. Le cycle Passé, qui segmente l'histoire entre différentes époques, ne permet pas la construction d'une intrigue aussi poussée que les deux précédents cycles, et chaque album semble donc très autonome dans la série. C'est une chose que je trouve regrettable, mais cet album-ci m'a semblé déjà plus convaincant que le précédent... J'attendrai donc la suite avec impatience !

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