Henderson's Boys, tome 1 : L'Evasion

Découvert grâce à Télérama (encore), voici un livre "pour le jeune public", le premier d'une série. Robert Muchamore est un écrivain anglais dont le filon, semble-t-il, est le "jeune public" rétif à la lecture. A ce qu'il paraît, les tomes de la série CHERUB (pas lu, je verrai à terme si cela vaut le coup de s'y intéresser) s'arrachent et je suis même surpris de ne pas en avoir entendu parler auparavant. Muchamore s'intéresse à des personnages d'enfants mis dans des situations à la fois "réalistes" et fort complexes. Ainsi, la série CHERUB s'intéresse à une organisation britannique d'espionnage constituée d'agents dont l'âge s'échelonne entre dix et dix-sept ans... Voilà quelque chose de fort peu "politically correct" même si, je n'en doute pas, les barbouzes qui pullulent dans les sphères hautes ou basses du "renseignement" n'en seraient pas à cela près, la raison d'Etat n'étant pas morte. Et puis un enfant-espion qui mène une double vie, tout de même, c'est quand même un tout petit peu plus propre qu'un enfant-soldat ma bonne dame, hein ? La série Henderson's Boys est une sorte de préquelle pour CHERUB et peut donc se lire d'une façon tout à fait indépendante. En tout cas, c'est ce que moi j'ai fait.

Résumé :
Juin 1940. La Bataille de France a très mal tourné pour les Alliés. Le corps expéditionnaire britannique a réembarqué à Dunkerque et l'armée française est en miettes. Les panzer déferlent sur le Nord de la France en direction de Paris, pendant que d'interminables colonnes de réfugiés obstruent toutes les routes vers le Sud, décuplant le chaos. Certaines personnes tentent encore de mener une vie à peu près normale. Marc Kilgour a douze ans et l'orphelinat de la région de Beauvais où il vit depuis toujours le fait travailler dans une ferme. A Paris, Rosie Clarke (treize ans) et son frère Paul (onze ans) sont nés d'un couple franco-britannique. Leurs vies vont se croiser du fait de la guerre. Une dispute d'enfants, une raclée plus sévère que les autres et le crash d'un stuka conduisent Marc à s'enfuir de l'orphelinat, en quête d'une vie meilleure : Paris va être sa première destination. De leur côté, Rosie et Paul doivent quitter leur école anglaise sous la conduite de leur père qui fait preuve d'une étrange agitation : il a subtilisé les plans d'une invention révolutionnaire sur laquelle l'Allemagne nazie veut mettre la main. La cinquième colonne allemande est à l'affût des agents britanniques ayant reçu pour mission de rester en arrière, en France destinée à rester occupée. Il n'en reste plus qu'un : Charles Henderson. Ayant perdu leur père, tué à Tours pendant l'exode, les enfants Clarke vont chercher à joindre Henderson pour lui transmettre les plans. Le hasard voudra que Marc entre en contact avec le même Henderson au cours de sa mission et lui vienne en aide... L'espion et l'orphelin en fuite pourront-ils rejoindre Rosie et Paul à temps ?
Pour le coup, il s'agit d'un roman pour le jeune public assez atypique. C'est violent, comme on peut s'y attendre pour une histoire se déroulant à cette époque. Les morts cruelles et "injustes" sont légion, illustrant bien la fragilité des vies humaines et aussi le gâchis que représentent les guerres. Plus dérangeant sans doute, le traitement qui est infligé à Marc par différents personnages, le directeur de l'orphelinat et l'un des officiers de la Gestapo. Sans doute est-il bon que le jeune public sache que le monde adulte recèle des sadiques et que la torture, hélas, est une réalité, mais je ne suis pas certain qu'il soit judicieux de la révéler d'une façon si explicite. Surtout dans la mesure où pas mal de jeunes lecteurs disposent de fortes capacités d'identification au personnage. A côté de ça, certains traits d'humour peut-être trop "gamins" me semblent regrettables.

L'histoire se déroule vite, très vite, et on dévore le bouquin en quelques heures (attaqué ce matin, fini tout à l'heure). Bien que l'intrigue fasse un peu décousue par moments, je me suis laissé prendre par le tonus de la narration. C'est donc un bon bouquin à lire par exemple un Dimanche après-midi plutôt que de comater devant Drucker chez mamie. Par contre, évitez de le laisser traîner à la portée de votre petit frère avant de l'avoir lu et de vous être fait votre propre idée. Sait-on jamais.

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