Un entretien autour de Charles Duits

Depuis quelques semaines, j'ai chroniqué ici plusieurs oeuvres de Charles Duits. Cet auteur, décédé en 1991, a eu un parcours personnel et artistique fort atypique, dans lequel Ptah Hotep et Nefer peuvent être comme l'arbre qui cache la forêt aux yeux du lecteur de SF. Car derrière ces deux grands romans difficiles à classer, se trouve l'oeuvre d'un artiste complet dont les travaux commencèrent parmi les surréalistes...

Suite à mes chroniques de
Ptah Hotep, j'ai eu la surprise d'être contacté par le propre fils de Charles Duits. Né en 1965, Emmanuel-Juste Duits a baigné dans une riche ambiance de création artistique. Nous avons convenu d'un entretien par e-mail afin d'éclairer un peu plus l'oeuvre fascinante d'un homme qui ne l'était pas moins.

Anudar : Vous êtes le fils de Charles Duits, auteur de Ptah Hotep et de Nefer, deux romans de fiction se déroulant dans des univers mêlés de mysticisme et d'Antiquité. J'aimerais, au début de cet entretien, essayer d'en savoir plus sur l'homme, derrière l'auteur. Auriez-vous des souvenirs de lui à partager remontant à l'époque de l'écriture de Ptah Hotep et de Nefer ?

Emmanuel-Juste Duits : J'ai des souvenirs mais plutôt des années 80-90 (Ptah Hotep a été écrit au début des années 70).
En ce qui concerne Ptah Hotep, il a commencé par faire des rêves, plusieurs nuits d'affilée, sur l'univers où l'histoire se déroule. Après cette série de rêves, les personnages du récit lui sont apparus dans une sorte de vision, et se sont adressés à lui : "Nous voudrions que tu nous fasses exister..." Sous l'inspiration de ces rêves, il a écrit le récit en quelques semaines. Il a voulu créer un style Antique, inspiré des grands récits hindous, de la Bible aussi ; ce style particulier, répétitif, n'est pas du tout le même style que dans ses autres ouvrages, qui se veulent au contraire classiques et surtout limpides (à part les recueils poétiques). On ne peut juger son oeuvre entière à l'aune de ces deux ouvrages ; souvent, les lecteurs de Ptah Hotep et Nefer ignorent ses textes sur le peyotl, et réciproquement... De même pour les lecteurs de ses souvenirs sur Breton et le surréalisme. Son oeuvre est comme compartimentée en au moins trois facettes (fantasy-psychédélisme-littérature, histoire du surréalisme), ce qui le rend assez difficilement repérable.
En lisant Ptah Hotep, j'ai ressenti de nombreuses expériences de sa vie, transposées dans le monde aux Deux Lunes. Il a dû quitter la France en 1939, sur le dernier bateau en partance pour les USA, avec sa mère américaine et son père Juif hollandais ; le bateau était bondé d'exilés, et quoiqu'ayant 13 ans, mon père savait que l'Europe sombrait ; il a dû décrire dans le départ de Ptah Hotep, cette traversée, les sentiments de l'exil. Un exil incertain, peut-être sans retour...
Cet événement de la Guerre, ce départ pour les USA, lui ont fait penser que la civilisation occidentale était profondément mortifère ; il avait été très impressionné par ses premiers maîtres, les instituteurs français de l'époque, il avait éprouvé ses premières émotions poétiques et littéraires dès 12-13 ans et aimait beaucoup la culture française ; puis il découvrait que la France s'effondrait en quelques jours, vaincue par la barbarie absolue. Il voyait aussi le pays réputé par sa culture, l'Allemagne, se donner à Hitler. Tout n'était que mensonge.
Il me faisait souvent part de sa vision de l'être humain : l'homme n'est pas normal, il est profondément malade. Mon père a toujours voulu trouver une réponse à cette question : comment sortir de cette maladie mentale généralisée ?
Il a attribué au nihilisme la Seconde guerre mondiale. "Si Dieu est mort, tout est permis!" disait Dostoievski. Je pense qu'aux yeux de mon père, soit on est nihiliste (le nazisme est l'ultime conséquence de cette perte de Dieu, il exprime la quintessence du nihilisme), soit on est croyant (enraciné dans une expérience personnelle et vivante de sa foi, et non croyant en des formules vides et répétées - il opposait religion et mysticisme). Il pensait que le monde occidental était voué à sa destruction s'il ne surmonte pas le nihilisme, et que les gens qui n'ont plus de foi se mentent à eux-mêmes s'ils ne sombrent pas dans le désespoir absolu devant "l'horreur de la situation". Mais cette vision radicale des choses vient en grande partie de la Seconde Guerre, où il a appris qu'une partie de la famille paternelle a été tuée en Camp.

A. : La postface à Nefer dans l'édition Présence du Futur présente un homme doté d'une capacité d'imagination hors du commun, pour laquelle il avait même trouvé un nom (le mot arabe himma). Cette imagination a été domestiquée, semble-t-il, au cours de son passage parmi les surréalistes et aussi grâce à son amitié avec Breton. Considérait-il cette époque, celle de la fin de son adolescence, comme une phase primordiale dans la construction de son intellect et de son art ?

EJD. : Oui. Il a connu Breton en 1942 à New York, ainsi qu'un milieu d'artistes exilés à New York. Il n'avait que 16 ans. Ses poèmes lui ont attiré l'intérêt et l'amitié de Breton, il a été tout de suite accepté dans ce groupe et considéré comme un poète véritable, à l'égal de ses grands aînés. Il a aussi été un ami très proche du grand peintre Matta (ils voulaient créer une nouvelle religion ensemble !). Cette période est racontée dans son livre autobiographique André Breton a-t-il dit passé. Vers la même époque, il a pratiqué l'hypnose avec des compagnons de chambrée de son internat. Un peu plus tard, toujours aux USA, il s'est lié d'amitié avec Anaïs Nin (elle parle un peu de lui dans son Journal) et avec Maya Deren, qui le fait participer à quelques expériences de vaudou. Il voit des personnes en transe. Ils sont plusieurs hommes à essayer de soulever une petite femme en état de transe, et ils n'y arrivent pas, elle est devenue trop lourde. Il est donc témoin de quelques phénomènes paranormaux dès ce moment-là.

A. : Il semblait aussi passionné par le mysticisme. A-t-il eu des expériences particulières liées à ce pouvoir imaginatif ? A-t-il tenté de vous le définir ?

EJD. : A la fin de l'adolescence, il a eu deux phénomènes visionnaires très différents :
- une sorte d'appel de la folie, où il a entendu des voix l'appeler ; il savait que s'il les suivait, il entrerait dans un monde d'où il ne pourrait plus sortir. C'était à ses yeux une véritable tentation de la folie, qu'il avait refusée.
- une vision du Christ.
En feuilletant l'Evangile, il a ressenti brusquement une présence derrière lui ; et en se retournant, il a vu un homme couvert de sang et de boue, mais plus réel que lui et que la pièce qui l'entourait, d'une évidence absolue. Et il a ressenti que cet homme lui redonnait la vie. Cette expérience bouleversante l'a jeté dans des années d'affres intérieurs, où il se demandait s'il devait devenir prêtre, etc., mais en même temps il ne voulait pas renoncer à la sexualité...
A la moitié des années 50, il a voulu résoudre les questions qui le taraudaient, et un ami lui a proposé de prendre du peyotl. C'est "comme en se suicidant" qu'il a décidé de prendre cette plante, et non par goût de diverses "expériences"... Il les raconte ensuite dans Le Pays de l'éclairement. Il semble alors trouver le début d'une réponse à ses questions sur le rapport au monde qui nous enferme dans l'illusion, et un autre rapport au monde qui nous permettrait de nous libérer des illusions et de la peur...

A. : L'oeuvre écrite de votre père mérite d'être qualifiée de protéiforme. La poésie est un genre souvent difficile d'accès : moi-même, lecteur de romans, je n'ai pas souvent lu de poésie depuis le Collège... Si vous deviez me recommander l'un de ses recueils, pour commencer à mieux connaître sa poésie, lequel citeriez-vous ? Existe-t-il un poème de votre père qui vous serait cher en particulier ? Si oui, lequel, et pourquoi ?

EJD. : Je préfère ne pas m'étendre sur la poésie de mon père qui ne me touche pas vraiment !
Il y a quelques années, dans son enseignement du théatre, Christian Rist a été le premier à mettre en scène Il la menace et Afrique Afrique !, deux textes d'une grande difficulté, leur donnant une présence et une densité qui m'ont beaucoup plu. Ils ont été joués à Strasbourg et dans un Festival de théâtre. Plusieurs jeunes comédiens se sont intéressés à cette oeuvre étrange et aux autres ouvrages de mon père, touchés par cette découverte.
Dans Le Pays de l'éclairement ou La conscience démonique, on trouve des descriptions à la fois précises et poétiques - elles tentent de cerner au plus près des états de conscience différents et de les faire sentir à travers des images concrètes, plongeant directement dans cette réalité autre, au-delà des apparences et infiniment vivante.

A. : Concernant Ptah Hotep et Nefer : ces romans se déroulent dans des univers qualifiés d'uchroniques. Charles Duits aurait-il été d'accord avec cette classification ? Et vous ?

EJD. : Il m'a donné quelques clés pour ces romans : Ptah Hotep se situe dans un Empire romain qui aurait duré encore des millénaires, et où le christianisme n'aurait pas triomphé. La science ne s'est pas développée car les deux Lunes rendent l'observation des astres, donc l'astronomie, quasi-impossibles. La fonction des deux lunes est donc importante, il y a une sorte de durée indéfinie dans une Antiquité qui restera à jamais Antique. Il était assez ambigu face à la science, voyant déjà les critiques écologiques et autres du processus technicien. Les religions coexistent, il n'y a pas l'imposition d'une seule croyance. Cette diversité des religions et surtout des voies mystiques était essentielle pour lui, elle reflète son esprit qui aimait autant le soufisme que l'hindouisme et le christianisme, et les mettait en dialogues constants. Par la pratique de la méditation, et d'expériences psychédéliques (avec le peyotl que lui avait donné un ami élevé par les Indiens d'Amérique), il me disait qu'il avait vécu des expériences intérieures "confirmant" en quelques sortes différentes traditions. Ceci le rendait perplexe, il s'est senti bouddhiste à une époque, Gurdjieffien à une autre, soufi à une autre, mais à chaque fois qu'il croyait avoir trouvé la réponse à ses questions, une nouvelle expérience surgissait, apparemment difficile à intégrer dans sa vision du monde et l'obligeant à tout remettre en cause.

A. : Pourquoi Charles Duits a-t-il choisi de "brouiller" certaines pistes d'interprétation en proposant des termes "transparents" (par exemple : Rûm pour Rome, Hag pour Egypte...) voire même des noms complets (Charlemagne, cité dans Ptah Hotep et Nefer), tout en les associant à des expressions très difficiles à interpréter ?

EJD. : Il ne cherchait pas à créer un jeu de piste mais à imaginer ce qu'il serait advenu si l'Empire romain avait perduré. Il était assez fasciné par les Empires, il avait beaucoup lu sur l'Empire romain et aussi l'Egypte antique, étant marqué par la vision mystique de Schwaller de Lubichs. Il pouvait lire les hiéroglyphes.

A. : A ce sujet, plusieurs questions : La "religion militaire" évoquée à plusieurs reprises dans ces romans est-elle bien le syncrétisme religieux romain ? Le "pays au million de dieux", est-ce l'Inde ? Où se trouve la Cité Libre où Ptah Hotep vend l'épée de son père ? L'intrigue de Ptah Hotep est-elle antérieure à celle de Nefer ?

EJD. : Ptah Hotep est antérieur à Nefer, écrit plus tard. Oui pour l'Inde. Oui pour le syncrétisme. Je ne sais pas pour la Cité Libre.

A. : La spiritualité syncrétique semble avoir été l'un des leitmotivs de Charles Duits et, à ce titre, l'Antiquité tardive constitue bien une source d'inspiration considérable. S'est-il aussi intéressé à l'univers immense de la pensée précolombienne et en particulier aux représentations dualistes des civilisations mésoaméricaines ? Le peyotl, après tout, était connu des anciens Mayas...

EJD. : Il s'est plutôt intéressé au chamanisme et à l'Egypte ancienne, ainsi qu'au soufisme et à l'hindouisme.

A. : La méfiance vis-à-vis de la science (ou du scientisme ?), la critique écologique, tout ceci m'évoque beaucoup un auteur et une oeuvre qui me sont chers. Je pense au Dune de Frank Herbert dans lequel les états de conscience modifiés par la drogue, et le thème de la prophétie, jouent un rôle de premier plan. Oeuvre publiée dans les années 1960, était-elle connue de votre père ?

EJD. : Oui, mais il a été quelque peu glacé par cette oeuvre. Il m'a raconté une scène où, pour rencontrer sa propre mère, un personnage doit s'équiper de nombre de machines pour se protéger. Ce passage a stoppé net sa lecture. Mais je ne crois pas qu'il lisait beaucoup de Fantasy ou de SF ; Ptah Hotep et Nefer se sont d'ailleurs trouvé dans la collection "Présence du Futur" par l'idée - qui s'est révélée très féconde - d'Elisabeth Gille. Ils étaient destinés à des collections littéraires. Ils ont alors connu une nouvelle vie, ont trouvé un véritable public avec les lecteurs de SF, connaissant plusieurs éditions (dont en coffret). J'ai entendu d'anciens lecteurs me dire qu'au lycée, ils s'amusaient à s'interpeller par les titres bizarres du monde de Ptah Hotep : binarque, etc.
A la fin de cette collection, ils n'ont plus été réédités durant plusieurs années. Ce n'est que grâce à la persévérance de Gilles Dumay et à l'action d'Olivier Rubinstein que Ptah Hotep a pu reparaître, dans la collection "Lunes d'encre".
Les références de mon père étaient surtout classiques ; pour l'écriture, Paul Valéry, Racine, dont il avait appris certaines pièces par coeur pour ne pas oublier le français quand il vivait au début aux USA (ses parents parlaient américain, tout le monde à son école aussi et il commençait à oublier sa propre langue) ; Victor Hugo, dont il aimait la vision du monde, l'exaltation lyrique, la vision sociale et humaniste aussi, le souci des humbles ; vers la fin de sa vie, je lui ai fait découvrir Aldous Huxley, ses romans, il a énormément apprécié cette oeuvre (notamment la description de Island), maniant les discussions intellectuelles, les portraits cyniques de gens du monde et de scientifiques, l'ouverture vers une spiritualité axée sur l'expérience intérieure, la critique du monde moderne etc.

A. : Charles Duits ne se contentait pas d'écrire : il produisait aussi des oeuvres graphiques. A-t-il produit des cartes, des croquis, des tableaux, inspirés de l'univers de ces deux romans de fiction ? Ses peintures (liées ou non à cet univers) ont-elles été exposées quelque part ?

EJD. : Il a peint ou dessiné plusieurs personnages de Ptah Hotep. Ses tableaux ont d'abord été naïfs, se situant dans des paysages oniriques ou des pièces un peu parisiennes (avec un personnage récurrent, "l'Inspecteur", avec des moustaches rappelant celles de Gurdjieff et un chapeau melon) ; puis il s'est agi de scènes plus psychédéliques, avec des personnages en tuniques, des salles avec des colonnades, quelque chose d'oriental, des couleurs très vives...

A. : Existe-t-il une galerie virtuelle où l'on pourrait accéder aux oeuvres peintes de Charles Duits, ou au moins à certaines d'entre elles ?

EJD. : Non. Quelques tableaux ont été reproduits dans l'ouvrage de Pierre Bonnasse consacré aux plantes sacramentelles (que Pierre appelle "enthéogènes"), Les voies de l'extases chez Trouble-Fête. Cette anthologie éclairée contient aussi un choix de textes parmi les plus importants dans ce domaine, dont un de mon père.

A. : Partagez-vous le point de vue de votre père quant au nihilisme de la civilisation occidentale ? Comment préconisez-vous de lutter contre ce travers nécrosant ?

Je partage une vision assez pessimiste de notre civilisation, et surtout des rapports humains qui me semblent de moins en moins humains. Chez mes parents, à la fin des années 70, il y avait des fêtes ouvertes à tous, on pouvait arriver avec des inconnus, il y avait aussi un mélange passionnant de milieu, jeunes musiciens désargentés, érudits passionnés de soufisme, écrivains, astrologues, comédiens d'Arrabal, gardiens de nuit, parasites amusants etc. Les différentes personnes se cotoyaient, dans une chambre un petit groupe fumait des joints en discutant par terre, dans une autre on dansait, dans la cuisine d'autres buvaient du rouge en parlant de Gurdjieff et Krishnamurti... Un tel monde existait chez mes parents mais dans bien d'autres lieux dans les années 70. Il n'y avait pas de codes aux portes et la coutume de recevoir des inconnus qui s'invitaient à des fêtes a perduré jusqu'à ce que notre société - qui n'a que les mots "vivre ensemble"' et "convivialité" en bouche - ne devienne plus violente et hostile.
Je ne sais pas si c'est le nihilisme le problème ; ni si il réside dans "la société" ou la civilisation occidentales. Pour moi, il y a bien un problème profond, qui dépasse le problème politique ; j'aurai tendance à croire qu'il n'y a pas de grille d'analyse univoque, mais qu'il est intéressant de croiser plusieurs approches pour saisir les nombreuses dimensions de cette crise. Il y a notamment l'aspect de la servitude volontaire, ou de l'instinct de mort : à savoir, la jouissance mystérieuse que les humains éprouvent à leur propre destruction ou à leur asservissement. C'est une grande question que cette participation volontaire à cet immense jeu de dupes... Selon La Boétie, chacun y trouve son compte dans la mesure où, même si il est dominé par des supérieurs, il exploite à son tour des inférieurs...
Pour ma part j'essaie de restaurer ce qui pourrait donner un peu de sens à notre passage sur terre : la recherche de la vérité. Je m'étonne qu'il n'y ait pas plus de groupes ouverts voués à cette quête, en dehors de l'entreprise scientifique bien sûr - mais celle-ci a laissé de côté dans sa méthode les grands problèmes humains et philosophiques. Contrairement au post-modernisme, je crois qu'il est possible d'atteindre des vérités, en puisant aux différentes cultures, traditions, expériences, etc. et en dissolvant impitoyablement nos illusions, en dépassant aussi nos cloisons et en heurtant toujours nos évidences premières. J'ai tenté de définir une démarche de recherche de vérité qui permette d'intégrer peu à peu la complexité de notre monde, avec ses réponses contradictoires, son brouhaha de voix et de voies discordantes. Quelques idées de cela sur mon site Tolérance active ou dans mes textes comme Mode d'emploi de la civilisation planétaire.

Il ne me reste plus qu'à conclure en remerciant Emmanuel Duits pour ces informations précieuses, en espérant attirer l'attention des lecteurs sur une oeuvre à (re)découvrir...

Commentaires

Gromovar a dit…
"A la fin de l'adolescence, il a eu deux phénomènes visionnaires très différents :
- une sorte d'appel de la folie, où il a entendu des voix l'appeler ; il savait que s'il les suivait, il entrerait dans un monde d'où il ne pourrait plus sortir. C'était à ses yeux une véritable tentation de la folie, qu'il avait refusée.
- une vision du Christ."

C'est un peu le mandarom le gars non ? ;-))
Anonyme a dit…
Bonjour Gromovar,
il existe des expériences bizarres ; certains voient des Ovnis, d'autres des revenants, d'autres ont l'impression de quitter leur corps en état de "mort clinique" (cf. les NDE). Le mandarom, cela consiste à créer un mouvement et à affirmer que l'on sait ; la recherche de la vérité, c'est acter de l'existence de tels phénomènes et en faire l'objet de recherches avec des avis contradictoires, une infinité d'interprétations (allant de la plus rationaliste à la plus mystique). Du moment qu'il y a débat, il n'y a pas mandarom ou autre...
Anudar a dit…
Je dirais aussi que la création artistique se nourrit de n'importe quoi. Chez certains, c'est l'extase mystique. Chez d'autres, c'est l'alcool. En fin de compte, l'important n'est-il pas l'oeuvre ?
ionah a dit…
mais... mais... la fin justifierait-elle les moyens ?!?! \°o°/
RM a dit…
Charles Duits, un immense écrivain, méconnu. En tout cas je l'aime beaucoup. "Path Hotep", "Nefer", "Il la Menace", "Afrique Afrique" : sublimes.
RM a dit…
Lire "PTAh Hotep", bien sûr.
Anudar a dit…
Bonjour et bienvenue ici !

Je connais assez peu Duits, dont je n'ai lu que les deux romans d'antic-fantasy uchroniques... Mais il est clair que sa pensée vaut le détour !
RM a dit…
Bonjour, merci pour cette bienvenue.

Après avoir lu ces deux romans qui effectivement mêlent une forme de transcendance à une sorte d'histoire parallèle, et avoir estimé que c'était deux épopées profondément réussies, au style fort et envoûtant, je me suis intéressé au reste de l'oeuvre de Duits, qui est un homme passionnant. J'ai tout lu de lui, du coup. Il n'y a que le volume tiré de son journal intime que je n'ai pas acheté et lu. Je le regrette, parfois. Le reste de ce qu'il a écrit n'est pas dans la ligne du roman de science-fiction, mais il y a des visions, dans ses livres sur les expériences liées au peyotl, qui rappellent parfois un peu Lovecraft, ou ce genre d'auteurs. Ce qui me plaît en lui, c'est qu'il a créé des images grandioses, mais en s'efforçant de les relier au monde divin. Cela donne à ces images une force profonde. Mais au départ, je lisais essentiellement de la science-fiction. Cependant, il faut reconnaître que le défaut de celle-ci est souvent de créer des images fabuleuses pour le plaisir, de façon un peu gratuite. Mais "Dune", globalement, n'est pas ainsi. C'est un bon livre.
Anudar a dit…
Où l'on voit ressurgir le débat entre la métaphysique et le sense of wonder... J'ai déjà parlé de "Dune", ici. De Frank Herbert, je parlerai demain de "La Barrière Santaroga", une oeuvre non sableuse et pourtant dunienne elle aussi...
RM a dit…
Eh bien, mon avis est que le sense of wonder ne s'acquiert que si l'image est riche en elle-même et reste reliée néanmoins au monde divin; si la métaphysique la rend abstraite, ou si le nihilisme (pour parler comme Duits) la rend gratuite, le sense of wonder disparaît, dans le premier cas parce qu'il n'a plus d'appui concret, dans le second parce qu'il n'a pas de possibilité de vibrer. On voit bien, je crois, que le sense of wonder est présent surtout chez ceux qui ont su concilier les deux. C'est globalement le cas de Frank Herbert, bien sûr.
NG a dit…
Pour bien saisir la démarche de Charles Duits, on peut aussi lire son journal (de quatre années) édité sous le titre "La vie le fard de Dieu".
Anudar a dit…
Bonjour et désolé pour le délai de publication de ce commentaire. Merci pour la référence !